Face à l’annonce d’un diagnostic grave, le patient passe par quatre phases successives: le déni, la révolte, la dépression, la résignation. Il s’agit d’un cheminement psychologique parfois difficile à comprendre pour l’entourage.
Au niveau sociétal, il en est peut-être de même face à des diagnostics graves. Le problème, me semble-t-il, est que la population concernée, se trouve partagée entre ces quatre situations, en même temps, selon le degré de conscience politique de nos concitoyens, selon leur niveau d’information aussi. Cette information a aussi un effet sur les états de conscience collectifs.
Il y a, face aux différentes crises actuelles et à venir, les crises sociales, économiques, environnementales, des personnes qui sont en plein déni. C’est la fuite en avant, ceux qui en ont les moyens vont s’enivrer de consommation de biens divers.
Il y a les petits groupes ici où là, qui en sont au stade de la révolte. Un peu d’agressivité, un peu de vocabulaire guerrier ou, rarement, révolutionnaire, on bloque la direction d’une entreprise méprisante pour son personnel. Cela défoule, mais ne met aucune alternative en place.
Une phase bien générale est celle de la dépression collective, peut-être savamment entretenue en masquant les alternatives possibles, y compris dans le système. D’où la forte consommation de produits psychotropes. « Tout est noir, il n’y a plus d’espoir ». D’un côté, l’appel lancinant à consommer toujours plus, de l’autre la perte organisée de pouvoir d’achat, qui rend le rêve consumériste inopérant: un coup à devenir schizophrène.
Enfin, la résignation, l’acceptation. Beaucoup d’entre nous en sont à ce stade. Ils ne voient même plus les mains tendues pour les aider à comprendre que ce n’est pas un sort individuel qui est en cause, ils n’entendent plus ceux qui chuchotent qu’il y a d’autres voies.
Le rêve pour les tenants du libéral-totalitarisme: la zombification généralisée.
Et pourtant, en cherchant un peu, il y a aussi tous ceux qui refusent de baisser les bras, qui continueront sans fin à refuser de s’agenouiller devant Mammon et ses sbires.